Un héros ?


“Qu’est-ce qu’un héros ? Celui qui n’abdique pas, qui ne s’abstient jamais, qui dépasse les obstacles pour avancer. Comme armes mentales, il utilise le courage, l’opiniâtreté, l’optimisme.
Beethoven est un héros. Il a résisté à toutes les attaques. Le hasard le jette dans un environnement médiocre, entre un père ivrogne et une mère domestique ? Il s’élève quand même. Cupide, ténor raté, son père le contraint à apprendre le clavecin à coups de gifles, le violon à coups de pied, il affame son fils, l’insulte, l’humilie ? Beethoven adore pourtant la musique. Ses parents lui dispensent peu d’affection, ne sachant pas très bien en quoi cela consiste ? Qu’importe, Beethoven aimera l’amour. À vingt-six ans, la surdité le frappe, l’endolorit, l’isole chaque jour davantage ? À part ses trois premiers opus, il écrira son œuvre entière affligé de ce handicap. Privé par son mal des liens sociaux, amicaux, conjugaux, condamné à la solitude, il ne connaît guère de plaisirs ? L’infirme écrira néanmoins un Hymne à la joie au crépuscule de sa vie.
Avant de devenir notre héros, Beethoven fut le héros de sa propre existence.
Il ne baissa jamais les bras.
Seule la mort en vint à bout ! Et encore, je n’en suis pas sûr car, deux cents ans plus tard, Beethoven demeure : on joue ses pièces, on le statufie, on le révère, on glose sur lui. Quoique la Faucheuse ait voulu le chasser de la scène, Ludwig van est revenu. Invincible…”
(Quand je pense que Beethoven est mort – Eric-Emmanuel Schmitt)

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