Le vieux Charpentier (d’après Alain Subrebost).

Un vieux charpentier s’apprêtait à prendre sa retraite.
Il dit à son patron et client (il travaillait sous contrat) qu’il
souhaitait abandonner la construction et se consacrer à sa famille.
Sa petite retraite lui permettait de vivre agréablement, à condition de faire attention.

Son patron et client fut désolé de voir un si bon travailleur
le quitter et lui demanda, comme un service personnel, s’il
pouvait construire une dernière maison.

Le charpentier répondit oui,
mais on pouvait voir que le coeur n’y était plus.
Il utilisait des matériaux inférieurs et les finitions
laissaient à désirer.
Dommage de finir sa carrière de cette façon!

Lorsque le charpentier finit son travail et
que le constructeur vint pour inspecter la maison,
il remit la clef de la porte principale à son employé.
« Cette maison est à toi », dit-il,
« en reconnaissance pour toutes ces années de bonne collaboration ».

Quel choc! Quelle honte!
Si seulement il avait su qu’il construisait une maison
qu’il allait lui-même habiter…
il l’aurait faite bien différemment.
Il allait devoir vivre dans
la maison qu’il avait construite sans amour.

Il en va de même pour nous tous.
Nous construisons trop souvent nos vies de manière distraite,
sans amour. Pour certaines choses importantes
nous ne donnons pas le meilleur de nous-mêmes.

Ensuite nous sommes choqués de nous rendre compte
que nous avons à vivre dans la maison que nous avons construite.

Si nous y avions pensé plus tôt,
nous l’aurions construite différemment.

Pensons à nous comme à un charpentier.
Pensons à notre maison.
A chaque fois que nous donnons un coup de marteau,
plantons un clou, érigeons un mur… construisons avec sagesse.

Il y a de grandes chances pour que ce soit la seule vie
que nous construirons de cette façon.
Même s’il ne nous restait qu’un seul jour à vivre,
ce jour mériterait d’être vécu dans la plénitude et le respect de nous-même.

Il y a une plaque sur le mur de cette maison imaginaire qui dit
« La vie est un projet que vous bâtissez vous-même ».

Qui peut le dire plus clairement?
Notre vie d’aujourd’hui est le résultat de nos attitudes et de nos choix passés.
Notre vie de demain sera le résultat
des attitudes et des choix que nous faisons… aujourd’hui!

(d’après Alain Subrebost)

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Civilisation ou barbarie ?

Nous recevons tous, pour l’instant, des images horribles d’enfants forcés de prendre part aux atrocités commises par les fondamentalistes, ou même en Ukraine, des enfants de l’école maternelle arborant des Kalachnikoffs…

Evidemment, nous crions tous, à bon droit, outre à la violation des Droits de l’Homme, à celle des Droits de l’Enfant.

Et pourtant, je ne sais pas pourquoi, me revient ce matin le souvenir de cette comptine que ma grand-mère (Gabrielle Moreau épouse Joseph Bioul pour les vîs Florennois) née au début du XXème siècle, me chantait quand j’étais tout petit.

Elle vient vraisemblablement des souvenirs des anciens de son petit village de Denée (“un petit village bien propre” comme elle se plaisait à dire).

Je vous livre cette comptine telle que je m’en souviens et vous me direz ce qu’elle vous inspire, au regard de ces images d’enfants soldats dont les réseaux sociaux pullulent pour l’instant.

“As-tu vu Bismarck-e
A cheval sur un cochon
Qui fumait sa pipe
Au son du canon.

V’la l’canon qui bouche (NdT : “qui tonne”),
V’la l’Bismarck su’l cul.
Poincaré l’attrape
Il lui fout s’tchesse djû (NdT : “Il lui coupe la tête”)”

Ma bonne grand-mère, en toute candeur et je veux le croire, très naïvement et sans la moindre arrière-pensée, nous chantonnait cela pour nous endormir sereinement…

L’Histoire n’est-elle pas un perpétuel recommencement ? Sommes-nous vraiment en droit de qualifier de barbares ceux-là seulement qui décapitent, tuent, violent au nom d’une religion ? N’y a-t-il pas une certaine propension à la barbarie en chacun d’entre nous ?

Partant, n’est-ce pas le rôle des parents, des Citoyens et de l’école d’instruire, d’éveiller, de faire réfléchir, pour ne pas que cette barbarie triomphe ?

Maintenant, je vous rassure, je pense ne pas avoir été (trop) traumatisé par cette comptine enfantine et que mes rêves n’ont pas été hantés par cette vision de Raymond Poincaré décapitant Bismarck… SI ?

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Croire aux Gourous ?

Une leçon d’humilité pour tous les gourous des temps modernes et un bon conseil pour tous ceux d’entre nous qui seraient tentés de les croire, par Jiddu Krishnamurti. A nice lesson of humility for all modern-times gurus and a wise advice for all the ones amongst us who are about to trust them, by Jiddu Krishnamurti. https://www.youtube.com/watch?v=mry02Yxw5T8#t=81j_krishnamurti

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Le miroir (d’après Guillaume Leroutier)

Toute une région du sud de la Chine venait de subir un terrible tremblement de terre.

Dans un village, des hommes, des femmes et des enfants erraient toujours, hagards, au milieu des ruines de leurs habitations. Les jours passèrent et chacun s’employait à reconstruire sa maison mais dans la peur et l’inquiétude du lendemain.

Un jour, une femme était partie seule et loin du village pour chercher de l’eau. Alors qu’elle remplissait ses jarres à la source, elle aperçut à quelques dizaines de mètres un homme qui semblait âgé assis à l’ombre d’un arbre. Elle n’eut pas peur et s’avança vers lui.

– Qui es-tu ? lui demanda t-elle

– Je suis un Sage, répondit l’homme.

Il lui fit signe de s’asseoir non loin de lui. La femme s’assit et commenca à lui raconter le tremblement de terre et les jours pénibles qui s’écoulaient depuis au village.

– Qu’allons-nous devenir ? répétait-elle souvent. Notre vie est devenue si malheureuse. Tu es un Sage, peux-tu me réconforter. J’aimerais tant être réconfortée.

– Ecoute-moi, dit le Sage : Tant que tu regrettes ce qui s’est passé, tu ne pourras évacuer ta douleur. La peur, la tristesse et le désespoir font partie de l’évolution de l’homme. C’est une évolution que tu dois traverser, mais tant que tu es la proie de ces émotions négatives, tu ne peux pas utiliser ce que tu es. Les sages, ceux qui savent comment aider les gens à se voir eux-mêmes, ne se laissent pas impliquer par ce qui a été. Ils ne sont concernés que par l’instant présent. Ils peuvent voir l’avenir et le passé mais ne se laissent entraîner ni par l’un ni par l’autre. Il te faut te connecter à ton guide intérieur pour apprendre à vivre entièrement dans et pour le présent. C’est ainsi que disparaissent les émotions négatives.

– Mais j’ai tellement perdu confiance en moi et en la vie avec cette terrible catastrophe qui a détruit notre vie.

– C’est le destin de l’ange que de vaincre le dragon ! Comprends-tu ce que je veux dire?

– Je ne sais pas pourquoi mais il me semble que oui.

– Tu me dis que tu as perdu confiance en toi, mais il faut beaucoup de confiance en soi pour affirmer à autrui que l’on en manque. Il est vrai que l’on ne peut planter une fleur sur un terrain de pierres. Mais tu n’es ni la fleur ni le terrain de pierres : tu es celle qui doit arroser la fleur et choisir le bon terrain. Si tu le fais, tu vis au centre de toi-même et non plus au milieu de tes émotions négatives qui sont le dehors de toi-même. C’est pour cela qu’en fait celles-ci ne t’appartiennent pas. Mais si tu y tiens c’est toi qui leur appartient.

Au fur et à mesure que le Sage parlait, la femme se sentait plus légère et elle commençait à relativiser ce qu’elle avait vécu. Les paroles du Sage imprégnaient son être en ces moments difficiles. Puis, le Sage sortit un miroir de sa poche. Il était à peine plus grand que la paume de sa main.

Il le tendit à la femme de façon à ce qu’elle puisse voir son visage. Elle y vit son visage triste aux traits tirés par la fatigue. Puis le Sage se concentra et soudain le miroir se brisa et joncha le sol de ses éclats. Aussitôt, la femme sentit son visage se détendre et sa fatigue disparaître. Elle ferma les yeux quelques instants.

Lorsqu’elle les rouvrit, le Sage avait disparu. A peine surprise et sans chercher à comprendre, elle retourna parmi les siens légère et vivante.l

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Toi qui marches, il n’existe pas de chemin …

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 « Caminante, no hay camino…  » (Antonio Machado)

Tout passe et tout reste,
mais le propre de l’homme est de passer,
passer en faisant des chemins,
des chemins sur la mer.

Je n’ai jamais cherché la gloire,
ni cherché à laisser dans la mémoire
des hommes ma chanson ;
j’aime les mondes subtils,
légers et aimables,
comme des bulles de savon.

J’aime les voir se peindre
de soleil et de rouge, voler
sous le ciel bleu, trembler
soudainement et se rompre…

Je n’ai jamais cherché la gloire.

Toi qui marches, ce sont tes traces
qui font le chemin, rien d’autre .

toi qui marches, il n’existe pas de chemin,

le chemin se fait en marchant.

En marchant on fait le chemin
et lorsqu’on se retourne
on voit le sentier que jamais
on n’empruntera à nouveau.

Toi qui marches, il n’existe pas de chemin
si ce n’est le sillage dans la mer…

Il fut un temps dans ce lieu
où aujourd’hui les bois s’habillent d’épines
on entendit la voix d’un poète crier
« Toi qui marches, il n’existe pas de chemin,
le chemin se fait en marchant… »

Coup après coup, vers après vers…

Le poète mourut loin de chez lui.
Il est recouvert de la poussière d’un pays voisin.
En s’éloignant on le vit pleurer.
Toi qui marches, il n’existe pas de chemin,
le chemin se fait en marchant…

Coup après coup, vers après vers…

Quand le chardonneret ne peut chanter

Quand le poète est un pèlerin,
quand il ne sert à rien de prier.
« Toi qui marches, il n’existe pas de chemin,
le chemin se fait en marchant… »

Coup après coup, vers après vers.

Antonio Machado

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Le Maître du silence

D’après un conte Zen

bouddha

Il y eut jadis au pays de Chine un moine zen

qui se faisait appeler « le Maître du silence ».

En réalité, ce religieux était un charlatan, un imposteur,

qui avait imaginé ce subterfuge pour vivre confortablement des aumônes

que les villageois lui apportaient.

Il recevait seulement les jours impairs, commodément installé sur des coussins de soie,

et se contentait de garder un silence obstiné.

Deux compères préchaient à sa place.

Or, un matin, un moine pèlerin attiré par la réputation du Maître du silence se présenta au couvent.

Ce n’était pas un jour de visite, et les deux acolytes interprètes étaient absents.

Le pèlerin aborda le maître et l’interrogea :

« Maître du silence, éclairez-moi : qu’est-ce que le Bouddha ? »

Ne sachant que faire, le pseudo-maître regarda nerveusement à droite et à gauche,

cherchant vainement ses complices habituels.

Le pèlerin, apparemment satisfait inclina la tête et demanda :

« 0 Maître du silence, éclairez-moi qu’est-ce que le dharma ? »

De plus en plus embarrassé,

le charlatan leva les yeux au ciel pour chercher une vaine inspiration,

puis les baissa vers le sol, découragé. Le pèlerin inclina la tête avec respect et dit encore :

« 0 Maître du silence, permettez-moi une dernière question : qu’est-ce que la grâce ? »

Le soi-disant maître écarta les bras en signe de totale impuissance.

Le moine pèlerin salua trois fois, et se retira.

Sur le chemin du retour, il croisa deux moines qui se dirigeaient vers le monastère

« Mes frères ! s’écria-t-il.

Vous allez sans doute présenter vos devoirs au Maître du silence ?

Euh !… oui, firent les moines, surpris et un peu inquiets.

Ah ! quel puits de sagesse ! s’exclama le pèlerin.

Au cours de mes nombreux voyages, je n’ai jamais rencontré son égal. Jugez-en.

Comme je lui demandai « Qu’est-ce que le Bouddha ? »,

il s’est tourne vers l’est et vers l’ouest me signifiant par là

que les hommes cherchent le Bouddha dans toutes les directions, partout où il n’est pas.

Je l’interrogeai ensuite sur le dharma.

Il me répondit en levant les yeux au ciel, puis en les baissant vers le sol,

me faisant comprendre que le dharma n’établit aucune distinction entre le riche et le pauvre,

le puissant et le misérable, que le dharma est égal pour tous.

Enfin, quand je le questionnais sur la grâce,

il écarta les bras, les mains grandes ouvertes.

La grâce en effet est une bénédiction,

qui est distribuée généreusement aux hommes pour les guider sur le chemin de la vie.

Mes frères, quel grand sage, ce Maître du silence ! »

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Sagesse hindoue

Pourquoi crions-nous quand nous sommes en colère ?

Un sage hindou qui était en visite au Gange pour prendre un bain a remarqué un groupe de personnes criant de colère les uns après les autres.

Il se tourna vers ses disciples, a souri et a demandé :

– Savez-vous pourquoi les gens crient les uns sur les autres lorsqu’ils sont en colère ?

Les disciples y pensèrent pendant un moment et l’un d’eux dit:
– C’est parce que nous perdons notre calme que nous crions.

– Mais pourquoi criez vous quand l’autre personne est juste à côté de vous?, demanda le guide.

– Pourriez-vous tout aussi bien lui dire ce que vous avez à dire d’une manière plus douce ?
Lorsque aucune des réponses des disciples n’était suffisamment satisfaisantes pour le sage, il a finalement expliqué :

– Quand deux personnes sont en colère l’une contre l’autre, leurs cœurs sont séparés par une grande distance. Pour couvrir cette distance, ils doivent crier, car sinon ils sont incapables de s’entendre l’un et l’autre. Plus ils sont en colère et plus ils auront besoin de crier fort pour s’entendre l’un et l’autre pour arriver à couvrir cette grande distance.

– Qu’est-ce qui se passe lorsque deux personnes tombent en amour? Ils ne crient pas à l’autre, mais ils se parlent doucement parce que leurs cœurs sont très proches. La distance entre eux est soit inexistante, soit très faible.

Le sage continua …
– Quand ils s’aiment encore plus, que se produit-il ? Ils ne se parlent pas, ils chuchotent et obtiennent encore plus de proximité et plus d’amour. Enfin vient un moment où ils n’ont même plus besoin de chuchoter, ils se regardent seulement l’un et l’autre et se comprennent.

Puis il regarda ses disciples et leur dit :
– Ainsi quand vous discutez les uns avec les autres ne laissez pas vos cœurs s’éloigner. Ne dites pas les mots qui vous éloignent davantage, ou bien viendra un jour où la distance sera si grande que vous ne trouverez pas le chemin du retour …

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Merci pour le rappel…

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Jiddu KRISHNAMURTI, la Vérité et ceux qui pensent la détenir…

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Jiddu Krishnamurti, la vérité et ceux qui proclament la détenir (cité par Alain Subrebost)

“La Vérité est un pays sans chemin, vous ne pouvez avancer vers elle par quelque voie que ce soit, par aucune religion, aucune secte…

La Vérité étant infinie, non conditionnée, inapprochable par aucune voie, on ne peut l’organiser… Il est impossible d’organiser la foi. La foi est quelque chose de strictement personnel, vous ne pouvez ni ne devez l’organiser. Si vous le faites, elle meurt, se cristallise, devient un credo, une secte, une religion que l’on impose aux autres.

Ce n’est pas une initiative glorieuse que je prends en disant que je ne veux pas de disciples. Dès l’instant où vous suivez quelqu’un, vous cessez de suivre la Vérité. Une seule chose m’importe et elle est essentielle : rendre l’homme libre. Je désire le libérer de toutes les cages, de toutes les peurs et non fonder une religion, une nouvelle secte, ou établir une nouvelle théorie ou une nouvelle philosophie.

A quoi cela servirait des milliers de gens qui ne comprennent pas, qui sont complètement englués dans leurs préjugés, qui ne veulent pas ce qui est nouveau mais préfèrent interpréter le nouveau à la convenance de leur moi stérile et stagnant ? Je désire que ceux qui cherchent à me comprendre soient libres, qu’ils ne fassent pas de moi une cage. Ils devront plutôt se libérer de toutes leurs peurs – peur de la religion, peur du salut, peur de la spiritualité, peur de l’amour, peur de la mort, peur de la vie elle-même.

Nul ne peut vous rendre libres de l’extérieur ; nul culte organisé, non plus que votre immolation à une cause, ne peuvent vous rendre libres. Le fait de vous constituer en organisation ou de vous précipiter dans le travail ne peut vous rendre libres.

Vous vous imaginez que seules certaines personnes détiennent la clé du Royaume du bonheur. Nul ne la détient. Personne n’a l’autorité pour la détenir. Cette clé est en vous ; dans le développement, la purification et l’incorruptibilité de vous seul, se trouve le Royaume de l’Eternité…

Ceux qui désirent vraiment comprendre, qui sont à la recherche de ce qui est éternel, qui est sans commencement ni fin, marcheront ensemble avec une plus grande ardeur et seront un danger pour tout ce qui n’est pas essentiel, pour les chimères et les ombres. Et ils se concentreront, ils deviendront flamme. De cette amitié naîtra une véritable coopération entre tous, qui ne sera pas due à l’autorité, mais à une authentique compréhension. Grâce à cela, vous pouvez vivre dans l’éternel. Cela dépasse tous les plaisirs et tous les sacrifices.”

Extrait du discours du 3 août 1929 Jiddu Krishnamurti “les années de l’éveil” (Éd. Arista).

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Un poème de Rudyard KIPLING, pour nourrir notre réflexion…

Le Palais

Quand j’étais Roi, et Maçon – un maître prouvé et habile,

Je me dégageai un emplacement pour élever un Palais,

Tel qu’un Roi se doit de construire.

Je décidai, et fis creuser selon mes propres instructions.

Et juste là, au dessous du limon, j’atteignis

Les restes d’un Palais que jadis

Tel un Roi, un autre avait fait bâtir.

Il n’avait aucune valeur dans la façon,

Et aucune intelligence dans le Plan.

Cà et là, ses fondations ruinées couraient au hasard : Maçonnerie grossière, maladroite. Cependant, gravé sur chaque pierre on lisait : “Après moi viendra un autre Bâtisseur ; Dites-lui qu’un jour, j’ai su, moi aussi !”

M’en servant rapidement pour mes propres tranchées,

Où mes fondations, bien conçues – elles ! s’élevaient,

J’ai placé ses pierres taillées et ses pierres d’angle,

Les retaillant et les ajustant à ma façon.

De ses plus beaux marbres j’ai fait moudre de la chaux

Que j’ai brûlée, éteinte, puis étendue.

Et j’ai pris ou délaissé, selon mon bon plaisir,

Les cadeaux posthumes de cette humble dépouille.

Pourtant, je n’ai éprouvé ni mépris, ni gloire,

Et comme nous les arrachions et les dispersions,

J’ai lu dans ces fondations rasées,

Au fond du cœur et de l’âme de leur bâtisseur.

Pareillement, ( en son temps ) il s’était élevé

Et avait plaidé ( et défendu sa cause ).

Pareillement j’ai compris

La forme du rêve qu’il avait poursuivi,

En face de l’œuvre qu’il avait réalisée.

Quand j’étais Roi, et Maçon

Dans le plein zénith de ma vanité,

Ils m’envoyèrent une Parole du fond des ténèbres.

A voix basse, et me prenant à part

Ils m’ont dit : La fin ultime des choses t’est interdite. Ils m’ont dit : Tu as maintenant joué tout ton rôle. Et ton Palais deviendra comme celui de l’autre,

Des décombres dont un roi à son tour, usera pour bâtir.

J’ai dis à mes ouvriers de quitter mes tranchées, Mes carrières, et mes quais, et ( de laisser là ) Leurs ciseaux ( qui travaillaient la pierre ).

Tout mon ouvrage, je l’ai abandonné et confié au destin

De ces années qui n’ont plus foi ( en l’avenir ) ; Seulement, j’ai gravé sur les madriers, Seulement, j’ai gravé sur la pierre :

“Après moi viendra un autre Bâtisseur ; Dites-lui qu’un jour j’ai su, moi aussi !”.

D’après R.K. – Traduction M.R. – Rapporté par Noé Lamesch

 

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